Fake news, hoax, obscurantisme, théories du complot... Parlons-en !

  • Je suis d'accord avec toi, cela devient un vrai problème, qui en plus est difficile à convaincre.

    Il y a un manque d'éducation et d'esprit critique évident aussi, mais même une personne rompue à ces fakes news peut se faire avoir parfois, et je pense qu'on va vraiment être confronté à une ère difficile à ce niveau.
  • Alors que si on se contentait de tous les tuer... @onion7@ (Pardon. Réflexe.)

    Malheureusement, tant que les gens refuseront de sortir la tête de leur derrière à croire qu'ils ont un avis professionnel sur tout et particulièrement ce qui ne les regarde pas, ça restera compliqué, alors même que les esprits ne sont de nos jours plus formés qu'en autodidacte, certainement pas par l'instruction de l'école - et encore moins celle proposée par des professeurs de philosophie dont l'argumentaire se retranche derrière un "maiiiis euuuuh!" (véridique) - et que, si on veut grossir le cliché, l'adoration de la littérature sublimé a cédé le pas au culte de la médiocrité.
    Moi-même, je ne sais pas lire, donc je ne suis pas en train de donner des leçons sur ce point précis, mais au-delà de la phase, dans laquelle je me complais éhontément, "le monde est nul et si vous connaissez la chanson reprenez en cœur avec moi", que faire? Quiconque a déjà tenté d'inculquer une once de morale humaniste ou d'esprit critique à quelqu'un qui en est dépourvu se heurte à un mur.
    Donc oui. De la pédagogie, de la pédagogie, encore de la pédagogie, s'attendant au pire tout en espérant le meilleur.

    Alors que si on se contentait de... @onion19@
    S'il suffisait...
  • Personnellement je crois qu’il faut se garder de considérer que la débilité gagne du terrain sur l’intelligence et qu’il faut penser le problème du complotisme et des fake news en l’abordant sous un autre angle. La débilité et la folie sont toujours des hypothèses tentantes lorsqu’on cherche à comprendre des phénomènes de société aberrants. Ce sont des hypothèses simples et gratifiantes (car elles placent ceux qui les expriment dans le camp de l’intelligence et de la santé mentale).

    Pourtant, quels que soit leurs charmes, ce sont aussi les hypothèses les moins pertinentes. Pire, elles sont inefficaces et contre-productives. L’historien que je suis le sait sans doute mieux qu’un autre pour voir régulièrement dans des ouvrages médiocres ou dans des documentaires télévisés "la folie" de quelques-uns utilisée pour justifier des basculements de sociétés entières dans des comportements qui paraissent insensés. La folie et l’idiotie peuvent expliquer ici et là des comportements individuels, elles ne peuvent en aucun cas expliquer des phénomènes de masse. Or, il est vrai que l’époque est marquée par l’arrivée dans le débat public des fausses informations et du complotisme, deux thèmes qui se sont imposés par l’inquiétude que suscite leur nombre et leur écho grandissant.

    Pourquoi alors, si ce n’est à cause la bêtise, observe-t-on ce phénomène prendre de l’ampleur ? Je pense – et tout ce qui suit n’engage que moi – qu’il faut y voir le reflet de la crise politique que les sociétés occidentales traversent. Les Etats inspirent de plus en plus la méfiance. La succession des présidents n’influence qu’à la marge la politique qu’ils mènent. Des promesses ont été trahies, des référendums ont été bafoués : la confiance n’y est plus. Ce manque de confiance ne touche pas que les gouvernants mais s’étend désormais à tout le champ politique ("tous pourris", comme on dit). Les médias, les syndicats et le reste des « corps intermédiaires » sont dans une position semblable. Soit parce qu’ils partagent en grande partie le destin d’un système politique avec lequel ils ont fini par fusionner, soit parce qu’ils sont jetés comme l’est le bébé qui barbotte dans l’eau du bain.

    Les gourous de l’internet qui expliquent que les reptiliens ou que les francs-maçons dominent le monde jouent sur cette absence de confiance. Ils proposent des explications simplistes qui viennent confirmer les craintes et les ressentis des gens : Les institutions œuvrent contre eux. A la différence d’une opposition conséquente au monde présent, ils dépolitisent et simplifient tout. Ils ne proposent pas d’alternative mais une vision délirante du monde dans laquelle se complaisent ceux qui sont tombés dans le panneau (car ils se pensent comme les membres d’une avant-garde éclairée face aux naïfs qui n’ont pas encore compris que les crocodiles sont déjà parmi nous… et qu’ils sont aux commandes). Et ça marche très bien (si bien en fait que les membres de l’avant-garde éclairée dont je me réclame devraient peut-être s’inquiéter…).

    Ce n’est pas que les gens sont idiots, c’est seulement qu’ils n’ont plus confiance en la "vérité institutionnelle". Ils sentent que la situation actuelle n’est pas bonne, mais ne font pas confiance aux institutions pour leur apporter des réponses. Ceci ne les empêche pas de vouloir comprendre. Au contraire. C’est ainsi qu’ils se retrouvent dans les bas-fonds d’internet, tombent sur un gourou qui fait des vidéos dans sa cave. Il explique que les politiciens sont des pourris, que les journalistes aussi, que l’affaire Benalla est un scandale, que Macron couche avec Benalla, que le lobby gay est aux commandes du pays, que la soirée LGBT à l’Elysée et que la candidature de Bilal Hassani à l’Eurovision sont des preuves de ce qu’il avance… Voilà comment naît un complotiste qui croit au lobby gay (et cette idée prospère d’autant plus facilement qu’elle mobilise des stéréotypes homophobes ancrés profondément dans la société et qu’elle va à l’encontre d’un système politico-médiatique quasi unanimement d’accord pour « condamner l’homophobie », au moins officiellement).

    Ce processus intellectuel abouti parfois (mais pas toujours) à des conclusions affligeantes de ce type. Néanmoins, je pense qu’il faut – comme souvent – moins s’attacher aux conséquences qu’aux causes. Or le complotisme, où de façon bien moins inquiétante la réception des fake news, est le résultat d’institutions qui n’inspirent plus confiance. C’est pour cela que, même si je ne condamne pas leur travail, je juge assez peu efficace et surtout peu réflexif le travail de lutte contre les fake news produit par les institutions elles-mêmes et notamment par celles qui encadrent le débat public : les médias.

    En effet, même si la lutte contre les fake news est utile et constitue l’une des missions de la presse, ce combat lui sert aujourd’hui à la maintenir dans une posture facile à tenir. Au lieu de se demander d’où vient son discrédit, la presse lutte contre les fake news et contre les théories du complot que son discrédit produit structurellement. Pire, certains journalistes, commentateurs du débat public, et hommes politiques (avec la loi sur les fake news) tentent de s’imposer comme détenteurs de "la vérité" face à une populace ignorante, qui vote mal, qui est raciste, antisémite, homophobe… Cette posture aristocratique est d’autant plus nocive qu’elle est souvent celle des partisans du centrisme autoritaire qui partout domine dans l’espace public : celle des gens qui, au nom de la vérité dont ils seraient les seuls détenteurs, tentent de verrouiller la parole et de réduire le champ démocratique.

    Ces comportements ne seraient pas aussi affligeants si ceux qui en sont à l’origine ne dénonçaient pas la paille sans voir la poutre. Car quand on pense aux principales fake news et théories du complot diffusés dans le pays, il ne faut pas penser au lobby gay. Il faut penser au russiagate. La première est tellement invraisemblable, tellement cantonnée à certaines zones d’internet, qu’elle ne peut convaincre qu’une minorité de personnes. La seconde a fait la Une du Monde et est appelé à la faire encore (https://www.monde-diplomatique.fr/2019/05/HALIMI/59875). Les exemples comme ça se comptent par paquets de douze et légitiment souvent des décisions politiques dramatiques (la guerre en Libye, celle en Irak…). Les fake news de l’élite, qui sont rarement nommées ainsi, sont lourdes de conséquences et ne font que peu de bruit dans un espace médiatique pourtant animé par une pensée inquisitoriale qui exulte lorsque retentit dans l’air le claquement du fouet de l’auto-flagellation ou lorsque résonnent, au milieu d’une interview aux allures d’interrogatoire, les cris de repentir des pécheurs.

    Néanmoins, pour endiguer la progression des fausses informations et des théories du complot il faut quand même d’abord encourager la lutte contre celles-ci en évitant l’écueil de la paille et de la poutre. Il ne faut pas non plus se méprendre le caractère inaccessible de la vérité et accepter que toutes les questions qui émergent dans le débat public ne peuvent être tranchées par l’inflexible lame de la Raison. C’est d’ailleurs, à mon sens (et même si j’approuve la majorité de leur travail), l’erreur des zététiciens présents sur le net. Leur amour de la science dure et de la raison va souvent de pair avec leur méfiance des idéologies et les transforme – malgré eux – en alliés ponctuels du centrisme autoritaire.

    Puisque la raison ne peut pas tout trancher, le plus important reste donc de faire de la Politique. Chacun suivra, en cette matière, la voie qui lui semble la meilleure. De mon côté, je pense que je vais déjà commencer par jubiler devant la réjouissante agonie d’institutions finissantes et œuvrer pour qu’elles finissent un peu plus vite tout en tentant d’imposer, avec ma famille politique, autre chose que la désespérante continuation de ce qui vivote encore, afin que des cendres issues de la combustion des présentes institutions naissent des institutions plus belles.

    Dans tous les cas – il ne faut pas en douter – laisser l’alternative et la critique du monde présent aux complotistes et aux propagateurs de fake news extrême-droitiers, c’est les laisser profiter seuls de l’extinction annoncée du phénix institutionnel. La période me semble avoir trop de potentiel et être trop dangereuse pour perdre la bataille pour l’hégémonie culturelle en ayant refusé de la mener.
  • Waouh, je crois que tu as tout dit LeConventionnel ! Merci de cet éclaircissement. ;)
    Spécialiste de l'univers Mario et Zelda, j'aime aussi les jeux de voitures, plate-formes, réflexion et simulations. Je possède une chaîne YouTube et une chaîne Twitch pour info !
    Nipponophone (どうぞよろしくお願いします。). J'aime aussi l'astronomie et la photo.
  • Que je sache, aucune personne travaillant sérieusement sur les fake news (j'en connais un certain nombre, c'est le moins qu'on puisse dire) n'invoque l'hypothèse de la stupidité. Le nombre de fake news propagées dans les plus hautes sphères intellectuelles est étourdissant.
    Ce qui est certain en revanche c'est que l'esprit critique n'est que peu enseigné et que notre système scolaire tout entier repose sur l'obéissance à une autorité et l'écoute inquestionnée et inquestionnable. On nous dit dès tout petit que la curiosité est un vilain défaut (et non l'indiscression, ce qui est l'origine véritable de cette maxime), on nous conseille d'apprendre par coeur sans nous apprendre les mécanismes de la connaissance apprise. Tout ça donne lieux à des façons de penser binaire ou, souvent, la première information acquise sera considérée comme la bonne, au détriment des démentis et/ou des debunking. Soit dit en passant, il n'y a rien d'étonnant à ce que les personnes qui font les programmes invitent les élèves à ne pas questionner et à obéir sans réfléchir. Ca arrange toujours les pouvoirs en place de ne pas enseigner à la génération à venir à se poser des questions et à être critique.
    Il y a aussi que les autorités scientifiques sont mal vues. Et je déplore que ce soit leur faute : pendant trop longtemps, les savants se sont terrés dans des tours de verres et se sont rendue inaccessibles au grand public qui a du, de son côté, développer de nouvelles manières de fonctionner.
    Le plus tragique c'est qu'on a tous accès à l'équivalent de la bibliothèque d'Alexandrie dans notre poche aujourd'hui, avec internet. Et ça pourrait être la solution du problème alors que s'en est un des déclancheurs : faire des recherches sur un domaine est souvent courronné par des premiers résultats catastrophiques sur les moteurs de recherche. Parce que le temps de la science et de la vérification est un temps long alors que le temps des fake news est un temps court. Propager une information fausse est beaucoup plus efficace que de la vérifier. Il y a un dicton qui dit que le mensonge a le temps de faire le tour du monde tandis que la vérité a à peine fini de mettre ses bottes. C'est renforcé avec internet.
    On apprend pas à chercher correctement les informations. C'est très alarmant.
  • J'ai du recevoir une centaine de mails de notifications de la part de NG a cause de ces nombreux spams . Lol au debut j'ai cru que ma boite d emails allait exploser :D
  • Hakim wrote: 25 Nov 2020, 15:09 J'ai du recevoir une centaine de mails de notifications de la part de NG a cause de ces nombreux spams . Lol au debut j'ai cru que ma boite d emails allait exploser :D
    On corrige actuellement le soucis... mais ca va revenir ;/ on réfléchit pour ne plus avoir autant de spams..
  • Cette extension pourrait peut-être aider https://www.phpbb.com/customise/db/exte ... orum_spam/ Je ne la connais pas et je ne sais pas les actions que vous avez mises en place mais, au cas où, c'est juste une petite lumière la-dessus.