Au-delà de l'envie ou du désir d'avoir un enfant, il suffit de regarder et parler avec des gens autour pour se rendre compte que cela n'a rien de réellement épanouissant.
De mon entourage, tous milieux confondus, je ne garde que l'impression (qui ne semble pas tant en être une que cela au final) que c'est une charge exceptionnellement lourde, et que les gens subissent plus qu'ils ne s'épanouissent. Ils ont beau dire qu'avoir des enfants "t'apporte tellement", et qu' "une vie sans enfant ce n'est pas une vie", au final ils en bavent méchamment, et leurs couples en prend un sacré coup, jusqu'à l'éclatement s'ils n'arrivent pas à trouver l'équilibre.
Au départ on est deux. Lorsque bébé est en route, et qu'il est là par la suite, tout change. Que ce soit l'organisation, les finances, le temps disponible, ou simplement l'état d'esprit des deux parents. J'entends beaucoup parler de "à partir du moment où bébé a été là, je me suis senti plus mère/père que conjoint et amant". Toute l'attention est tournée vers bébé. Bébé est le centre de toute l'attention, à chaque instant, et il faut y être sacrément préparé. Dans un monde où le nombrilisme est religion, accepter de ne plus exister pour soi, mais pour son/ses enfant(s) fait partie de ces renoncements qui sont de moins en moins crédibles et plausibles. Même lorsqu'il grandit, la responsabilité reste la même, l'investissement également. Les inquiétudes évoluent ou changent, mais cela ne s'arrête jamais.
Et bien entendu, il faut surtout éviter l'enfant unique que l'on dépeint comme étant l'antéchrist incarné, créature mi-égoïste, mi-incapable de..., donc on en fait un ou deux de plus. Non parce qu'on tirait déjà la langue, mais on s'est dit... un de plus ou un de moins, cela ne change pas grand chose. Tous mes amis qui ont fait le deuxième dans cet état d'esprit sont actuellement en crise, et se perdent petit à petit dans un quotidien qu'ils ne désiraient pas au final.
Sauf que bébé(s) est(sont) là, et qu'il faut bien s'en occuper. Parce que c'est un choix, et surtout une responsabilité. On ne peut ni les jeter, ni les donner, ni invoquer un allergie pour s'en débarrasser.
J'ai déjà dû parler de cette période de ma relation, mais j'en rajoute une petite couche. Lorsque mon ex compagnon m'a parlé bébé au bout de 5-6 ans, j'ai beaucoup réfléchi. Naturellement, parce que je ne suis pas impulsif, en mode "ouiiiiiiii, faisons n'importe nawak parce qu'il faut vivre le moment présent, OSEF des conséquences, on verra bien".
L'argument de base était : "j'en veux, une vie sans enfant ce n'est pas une vie, si tu n'en veux pas, je ne suis pas sûr de pouvoir continuer, LOL".
1/ la question de base est : "pourquoi tu en veux ?" - la réponse était : "pour faire comme tout le monde, on a trente ans, on est pacsé, on a un crédit sur le dos, on a un 3 pièces, les prochaines étapes sur le chemin de la normalité sont 1/ le mariage, 2/ le gamin". Autre élément de réponse, la connerie des gens autour de nous, ces gens très intelligents qui vous lancent systématiquement à chaque fois que vous les voyez un "alors, cela fait combien de temps que vous êtes ensemble ? 6, 7, 8, 9 ans ? et le bébé, c'est pour quand ? Vous feriez de super parents". Crétins. C'est trop gentil de nous rappeler que l'on ne peut pas biologiquement, et de cultiver un manque débile d'un truc qui n'existe même pas, et dont vous passez votre temps à vous plaindre. Autre élément de réponse : exister. Exister en étant en couple, plus en étant pacsé, puis par le nombre des années, l'achat d'un appart... manque plus que le statut de père et ma vie sera parfaite.
2/ mon questionnement suivant a été de savoir si nous en avions les moyens. Toujours parce que je ne suis pas un déchet qui fait sa vie, puis demande à la société de payer pour lui et sa progéniture. Nous avions un crédit, c'était déjà ceinture sur beaucoup de choses. Perso, je voulais vivre, pas payer 800 boules de nounou + les couches et le matériel. Je voulais vivre, pas passer mon temps à m'occuper d'un gosse, l'emmener chez le médecin, à l'école, à son activité, le laver, le nourrir, m'en occuper. J'ai aidé ma mère à élever ma sœur, je connais par cœur l'investissement que demande un gosse entre 2 et 25 ans.
3/Le sacrifice. Etait-je prêt à ce stade de ma vie à sacrifier quoi que ce soit ? Non. Merci bien. Je venais de finir mes études (études que j'ai financées en bossant, non pas en sortant avec mes potes et en allant faire la fête), et mon objectif n'était pas de direct m'enchaîner à vie. Mon objectif était de profiter de ma vie, voyager, dépenser, m'amuser avec ma moitié. Donc oui, on m'a rétorqué que j'étais "égoïste". Egoïste non pas vis-à-vis de mon partenaire, mais vis-à-vis du gosse qui n'existait même pas. Désolé. J'existe, j'ai le droit de vivre ma vie avant de vivre pour quelqu'un d'autre. Ma vocation n'est pas de sacrifier mes 25 prochaines années à un gosse. Parce que oui, je sais que si et quand j'en aurais un, il deviendra mon centre de gravité, et que je renoncerai à moi-même à son profit. Même avec le meilleur équilibre possible, c'est ça être un bon parent. Tu n'es plus toi, tu es papa ou maman. Sa vie et son bonheur en dépendent.
4/ Problème plus relatif à mon ex-relation : « une vie sans enfant ce n’est pas une vie. Si tu ne veux pas d’enfants, je ne sais pas si je pourrais rester ». Après réflexion, j’ai juste répondu que si un potentiel gamin qui n’existe pas est plus important que moi, qu’il parte et se trouve quelqu’un qui lui convienne mieux. Ne pas vouloir de gosse est peut-être « égoïste », mais vouloir forcer l’autre à en avoir par l’ultimatum l’est tout autant. Je n’ai pas dit « jamais », j’ai dit « réfléchissons et soyons prêts ». Et puis j’ai l’exemple de mes parents (oui, un exemple ne vaut pas règle absolue, je sais) : ma mère a élevé ses frères et sœurs, en tant qu’ainée d’une fratrie de 9 enfants. Elle ne voulait pas de gosses. Après son mariage, mon père lui a fait l’exact-même ultimatum. Une vie sans enfants n’était pas envisageable… et à peine étais-je né que le mec partait 6 à 8 mois l’année en déplacement. Ma sœur est venue au monde ? Il nous a enfermés en Normandie profonde, et déplacements 6 à 8 mois l’année. C’est ça le désir d’enfant ? Superbe.
Au final, par simple réflexion, j’ai pris conscience et lui ai démontré qu’il ne voulait pas d’enfants. Il voulait exister par le statut de père, et construire un modèle familial standard, sans compter exister auprès de ses collègues et de ces autres qui comptaient tant pour lui en tant que « gay, pacsé, marié, propriétaire, stable et père d’un, deux, pourquoi pas trois enfants ». Ce n’est pas une raison valable.
Là-dessus s’est ajoutée le fait que je n’envisage pas d’adopter, et que le lien du sang est absolu pour moi. Mes enfants devaient être de mon (ou de son) sang. Et le recours à une mère porteuse me gêne. Et le coût est exorbitant.
Bref. Entre temps, mon ex a décidé de retourner à la chasse et de faire des plans cul. Notre couple n’a pas résisté. J’imagine dans quelle galère innommable je serais aujourd’hui si j’avais cédé et que je m’étais bêtement emballé. Peut-être qu’un gosse nous aurait rapproché, ou aurait consolidé notre relation tel le ciment qui… Non. Au vu de l’évolution des couples autour de moi qui ont eu un, puis un deuxième enfant, il aurait été fort probable que cela soit pire xD